Les secrets de l'oracle Odusseia

Les secrets de l'oracle Odusseia

Le secret de Méduse,
Méduse fût le point de départ. Elle est la première illustration que j'ai réalisé sans savoir que nous nous lancerions par la suite dans la création de ce nouvel oracle.
Méduse représente pour moi la puissance féminine par excellence, une puissance synonyme de danger, de destruction, d'agressivité. Elle fascine autant qu'elle terrorise. Elle est à la fois monstrueuse et protectrice.
Autant de contradictions qui entoure ce mythe.
J'ai eu envie ici de la représenter apaisée, libérée de son propre cœur qui causa probablement ses
malheurs...
 
Le secret de Mimir,

Il fût un temps, dans une précédente vie lorsque j'étais éducatrice, j'ai rencontré Lucien dans un "accueil de jour" destiné à ces mecs et meufs de la rue.

Chaque jour Lucien venait boire du lait, en très grande quantité! Il paraît que les lendemains de cuite, le lait apaise l'estomac... Je lui lançais chaque jour la même question: " Ça va Lucien aujourd'hui?" Qu'il attrapait chaque jour sous le même angle, un "non" froid et direct qui bottait les miches à mon ego de jeune éduc.

Lucien vivait dans la rue, était plutôt âgé (en tous cas, très marqué par ses années d'errance et de solitude), se planquait derrière une longue chevelure et une barbe blanche ; derrière sa crasse et sa pisse aussi ; perdu dans les méandres de ses propres pensées et murmures solitaires... Le genre de mec "monstrueux", tu vois?

Ce jeu de ping pong entre nous a duré des semaines. Jusqu'au jour où je lui lance, en me marrant: "Mais Lucien, vous descendez tout notre stock de lait, je vais vous amener traire des vaches!" Bah alors là, sans m'en douter, ma phrase faisait écho à l'un de ses souvenirs les plus précieux: son enfance dans une ferme où il était chargé de traire des chèvres. Ce fût le premier jour où j'ai vu des étincelles dans les yeux de ce cher Lucien, premier jour où sa langue s'est dénouée pour me raconter une partie de sa vie. Jour où je me suis pris toute son humanité dans la tronche. L'un de mes souvenirs de taf les plus forts.

J'ai réalisé cette illustration durant les fêtes de fin d'année. En cette période de froid et d'abondance, il m'est venu de diriger mes pensées vers toustes ces hommes et ces femmes isolé.es. j'ai pensé à leurs besoins physiques, mais aussi et surtout de lien, d'échanges chaleureux, de relations bienveillantes...

 

Le secret de Cernunnos,

Il est de ces rêves pour lesquels tu serais prêt.e à sacrifier un doigt de pied pour les parcourir un peu plus longtemps, tu vois?! Celui-ci est de ceux-là.

Dans le jardin d'une amie, mon regard est attiré par ce qui me semble être un cervidé en train d'agoniser sur un vieux vélo bleu. Intrigués et soucieux de l'aider, le cœur battant, mes amis et moi nous approchons. Mais, pouf, disparu!

Hop, sans vraiment nous consulter, mais conscients que quelque chose d'important se déroule, nous décidons de nous lancer à sa recherche dans tout le village ; places, ruelles, lisières de forêt, tout y passe.

Rien, introuvable. Épuisés et inquiets, nous nous asseyons sur un muret. Silence. Un climat lourd de tristesse et de culpabilité règne.

Jusqu'au moment où cette merveilleuse créature est apparue à quelques pas de nous, accompagnée de 4 humains protecteurs. Iel était lumineux, incroyablement doux, mi humain, mi cerf ; ni mâle, ni femelle ; sans âge. Iel était bien au delà du genre et de l'espèce, bien au delà des notions d'espace et de temps.

Iel était blessé.e, une de ces blessures fatales qui te laissent entrevoir l'incontournable issue. Mon amie et moi étions effondrées, des torrents de larmes chaudes dévalaient nos visages. C'était comme si une partie de nous-même s’apprêtait à partir et nous n'étions pas prêtes à cela. Nous ne voulions pas qu'iel meurt.

Avec toute le bienveillance du monde, iel s'est approché et nous a expliqué qu'iel devait mourir par le feu, que ce cycle durait 30 jours et que c'était une étape incontournable afin qu'iel mue en quelque chose de divin.

Ce qu'il faut que tu saches, c'est que quelques semaines avant ce rêve, dans la vie réelle, j'ai accompagné un chevreuil dans la mort. Il s'était fait renverser par le chauffard qui me précédait. Ce qui m'aura valu une bonne dose de larmes, de colère et de sentiment d'injustice.

Encore une leçon d'impermanence. La vie n'est que succession de cycles, mouvement et transmutation.

 

Le secret de la Banshee,

Par moment, ton énergie est au feu, à la colère et la destructivité, tu vois?

On peut donc dire que cette Banshee est sortie tout droit de mes tripes, avec une volonté d’asseoir le droit à l'expression pour toustes, de quelle nature soit-elle. Une volonté de dénoncer aussi un pouvoir souvent associé au masculin. Pouvoir assis par l'intimidation, le chantage, la manipulation, le dénigrement, le mensonge, etc. J'imaginais cette Banshee gueuler tellement fort qu'elle balayerait d'un coup de cri l'objet de mes déboires du moment. Pouf, en poussière le truc!

Mes pensées se sont aussi tournées vers les pleureuses que j'ai eu la chance d'entendre lors d'un lointain séjour au Mali. Ce souvenir me file encore les frissons. Peut-être as-tu toi aussi vécu ce genre d'expériences? Ces femmes ont clairement le pouvoir de créer une symbiose à laquelle tu ne peux pas résister. Tu finis par te laisser glisser dans l'instant comme dans des draps chauds, moelleux et accueillants. Et t'as les larmes qui te montent. T'as pas vécu la perte récente, mais tu pleures. Et t'as beau essayer de te retenir, avec ta pudeur occidentale, tu n'y arrives pas. Et tu finis par pleurer à chaudes larmes toi aussi. Tu pleures en symbiose avec toustes ces inconnu.es. Tu pleures pour toutes tes pertes passées et à venir. Tu pleures d'amour pour ce moment de générosité intense.

 

Le secret de Arès,

Il ne m'aura pas été aisé de trouver LA "bonne" représentation pour Arès. J'ai cherché, tâtonné, trouvé, commencé, abandonné, déchiré, cherché de nouveau, recommencé, etc. A tel point que pour le première fois de mon humble carrière d'illustratrice, j'ai bien failli balancer stylos, papier, crayons et cris par la fenêtre ! On peut dire que ce cher guerrier est venu tester ma combativité, mon self control et ma persévérance! Pas de tout repos cette illustration !

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